130202 - BADEN BADEN @ LA CARTONNERIE - REIMS





En 2008, Eric a des idées plein la tête, et se lance à la recherche de musiciens pour l’accompagner.Le bouche à oreille fonctionnant, c’est à Paris qu’il croisera la route de ses futurs partenaires de jeu. Très vite, des affinités musicales émergent. Cette même année, ils s’embarquent alors dans l’aventure, une excursion imaginaire qui les mènera à Baden Baden. Car ce drôle de nom est d’abord celui d’une ville, station thermale nichée dans les vallées allemandes. Pourtant, aucun d’eux n’y a jamais mis les pieds. Alors pourquoi s’être baptisés ainsi ? Dans « Baden Baden », c’est la sonorité qui les a d’abord conquis, comme une idylle musicale. De là naîtra une ville imaginaire, énigmatique. Les musiciens s’y sont construit leur propre cité, ils l’ont rêvée, aménagée selon leurs envies, leurs émois musicaux. Dès lors, chacun pourra fantasmer ce qu’il voudra de Baden Baden. Eric lui, y a ancré les récits de son père qui y a grandi. Entre coïncidence et nostalgie…
Le leitmotiv des membres du groupe : capturer des émotions, constituer un puzzle, dessiner des arrangements, suivre son intuition, construire et reconstruire ses premières esquisses. En studio, chacun apporte ses boucles, ses accords, ses rythmes et ses excentricités mélodieuses. De ce travail minutieux mené à l’instinct, naîtra enfin une douzaine de morceaux.
‘COLINE’ un premier album attendu, qui fait suite au EP « 78 » déjà remarqué . Après deux ans de travail ils ont relevé un nouveau défi : s’écouter vraiment, sans forcer leur musique pour entrer dans les rangs. Place aux longues mélodies porteuses, aux titres de grande ampleur, aux airs d’infinis, qui ne ressemblent à rien d’autre. Ils ont repoussé les murs de leur studio d’enregistrement pour naviguer entre pudeur et exacerbation, émotions de l’adolescence et sentiments murs de l’âge adulte. En prenant de la hauteur sur leur musique, ils ont signé leur singularité.
Humbles mais preneurs de risques. Par exemple, manier la langue de Baudelaire aussi bien que celle de Shakespeare… Ou est-ce l’inverse ? Etonnant donc quand ils en viennent à chanter en français. Et la surprise est délicieuse. Première mise en bouche avec le titre « Les couleurs », une introduction à l’album qui ne vous laissera pas le temps d’hésiter. Comme une première rencontre amoureuse, à tâtons, et pourtant si enthousiaste. Une rencontre entre la poésie de Souchon, et le charme de Death Cab for Cutie.
Pourquoi le français distillé ça et là dans l’album ? Parce que la langue coule de source. Les membres de Baden Baden ne cherchent pas à impressionner, surprendre ou correspondre, ils font confiance à leurs intuitions. Quand les frissons viennent en français, on ne pourra les traduire autrement…
Surprise aussi avec « Chanmé », une introspection en forme de pied-de-nez, aux airs de comptine. Les mots tombent en douceur à l’oreille, rattrapés par des riffs judicieux. Le français est valorisé, l’anglais aurait presque été superficiel. « Je sais je vais », « Evidemment » ou « La descente » nous rappellent à l’ordre : mieux que simplement assumer de chanter en français, ils prouvent que l’on peut sublimer notre dictionnaire… Les voix s’accordent à l’unisson, et pendant ce temps là, la ritournelle vous embarque.
Il y a d’autres certitudes dans cet album, des morceaux comme « You’ll see » , « Good Heart » ou « Glory Lies » où l’accroche est rapide, sans aucune hésitation. Mais aussi des airs de cousins
canadiens ou belges quand Baden Baden décide de nous balader, avec « Anyone » ou « City Walls ».
Et soudain, envoutement au tournant, des volutes plus sinueuses à la Sigur Ros, notamment dans « Last song » ou « 78 », comme un adieu, mais vous pouvez y voir ce que vous voulez.
Leurs influences sont larges mais la signature Baden Baden n’en est pas moins cohérente : une pop folk contemplative, une joyeuse mélancolie, une invitation à la vie, la vraie. Car ce que Baden Baden
vous offre, c’est un album voué à l’émerveillement, des pistes de lecture pour décupler ses propres émotions, une bande-son pour votre vie, tournée en super 8.

Sur scène, le trio devient quatuor. Clément (à la basse et au chant) rejoint Eric, Julien et Gabriel pour une invitation au grand large. Vous y verrez des artistes imprégnés d’émotion, d’une simplicité décoiffante.

























Photos / Laurent Grigord



Aucun commentaire :