CHRONIQUE CINÉ : IRON MAN 3



En 2008, Jon Favreau inaugurait avec IRON MAN la phase 1 du Marvel Cinematic Universe. Adaptation saluée et remarquée pour sa fidélité aux comics et pour la prestation de Robert Downey Jr, IRON MAN se voit offrir deux ans plus tard une suite précipitée et décevante, aussi bien pour son vilain fade que pour son scénario opportuniste qui fait office de bande-annonce d'AVENGERS, le méga-crossover super-héroïque et magistral de 2012. Un an est passé depuis le gros carton de Whedon, la côte du personnage de Tony Stark n'a fait que de monter. IRON MAN 3, réalisé par Shane Black (ami de RDJ et réalisateur-scénariste de Kiss Kiss Bang Bang), saura-t-il rattraper la déception du 2 ?




Je tiens à mettre les choses au clair tout de suite : Shane Black a évité tous les pièges et a tenu toutes ses promesses. Le film n'est pas un TDKR-like (ce à quoi on aurait pu s'attendre, étant donné qu'IRON MAN était déjà semblable à BATMAN BEGINS). On ressent bien que c'est le film de Shane Black, du premier au dernier plan. C'est davantage un techno-thriller qu'un film de super-héros (le héros est très peu iconisé, on met ses faiblesses en avant).
Stark se retrouve bel et bien éloigné de tout, métaphoriquement enfermé dans une grotte comme dans le premier film, il n'a que son cerveau pour s'en sortir et la non-implication des autres Avengers s'en trouve alors pertinente. Le film ne se finit pas par un habituel combat entre deux armures (je n'en dis pas plus). Le film ne se veut ni sérieux, ni réaliste, parfois sombre certes, mais aussi beaucoup teinté d'humour. Pas d'humour geek à la AVENGERS, mais un humour noir et ambigu qui risque de dérouter plus d'un spectateur. Le générique d'ouverture est très représentatif, on passe d'une voix-off présentant les démons intérieurs du personnage à une musique joyeuse. 
A part l'humour noir et la voix-off, on retrouve beaucoup d'ingrédients de Shane Black, comme la présence de la neige, la traditionnelle scène de torture (mais cette fois, RDJ ne se fait pas griller les couilles, je vous rassure) ou encore le buddy-movie. Certains plans de Stark et Rhodey me rappelaient vraiment L'ARME FATALE. On ressent réellement la présence de Black derrière les films. Les dialogues sont excellents, et ne vont pas dans la dentelle. Malgré ses apparences de film de Noël produit par Disney, ça va très loin par moment, le gamin s'en prend plein la gueule. 
Les scènes d'action, bien que peu nombreuses, sont efficaces, et plus grâce à l'implication des personnages qu'à la mise en scène. On a autant de scènes d'action avec Stark sans son armure qu'avec son armure. Par contre, la séquence de l'Iron Legion est formidable et généreuse, j'aurais aimé voir encore plus les armures et leurs différentes fonctions. Le combat final entre le héros et le vilain est vraiment excellent.

Le vilain, parlons-en... La grosse problématique du film. C'est là qu'on voit que le film appartient à son réalisateur. La production a imposé au film le Mandarin, qui est la nemesis d'Iron Man au même titre que le Bouffon Vert à Spider-Man, ou le Joker à Batman. Seulement, Shane Black n'y voyait qu'une caricature raciste et grossière. Et il n'a pas tort. Le personnage a été créé dans les années 60, en pleine guerre froide, et est asiatique. Black a fait sa version du Mandarin, dont on découvre la véritable nature à travers un twist que les fans de comics ne pourront jamais digérer. Ce twist est logique avec les dires de Black et bien amené, mais c'est une trahison pure et simple du personnage. Je me console en me disant qu'on pourrait tout à fait corriger la chose dans un éventuel IRON MAN 4...

Le scénario est vraiment très bien écrit. La seule véritable déception que j'ai eue, est que le potentiel du concept du virus extremis n'est pas utilisé pleinement, c'est inabouti, il oublie le principal (je reste vague pour ne pas spoiler). Comme promis, c'est plus un film sur l'homme que sur l'armure, tout le film est centré sur Tony Stark, il n'y aucune référence à l'univers Marvel, sauf dans la scène post-générique, amusante mais anecdotique, et encore, elle reste fermée et n'annonce pas les futurs films. Le film s'inscrit pourtant bien dans la continuité d'AVENGERS, en exploitant le traumatisme de Stark lié à son sacrifice. Tout le film est habité par Robert Downey Jr, qui s'est définitivement approprié le personnage, son jeu d'acteur est vraiment travaillé avec précision. On croise les doigts pour revoir RDJ en Tony Stark dans Avengers 2 en 2015 !
Déroutant et dérangeant, Shane Black's Iron Man 3 offre à la fois une vision originale, profonde et décalée du personnage auquel il apporte une conclusion satisfaite et potentiellement définitive, ainsi qu'une preuve que Marvel Studios s'est engagé à nous offrir des œuvres personnelles et de qualité pour la phase 2.

Nicolas Thiéblemont







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